Deux mois après sa fin, je souhaiterais revenir sur l’un des animes les plus surprenants de l’hiver dernier, j’ai nommé, Dorohedoro.
Dorohedoro n’eut malheureusement pas droit à un simulcast durant sa saison, comme la plupart des animes Netflix. Néanmoins, il a enfin fait, après tant de temps, son entrée sur la plateforme le 28 mai dernier ! J’ai donné un avis suffisamment détaillé de la direction artistique dans cet article, dans la catégorie esthétique visuelle et vous invite à le lire en complément à l’article qui lui se centrera plus sur l’histoire et l’animation.
Caiman est un jeune homme dont le visage a été transformé en lézard suite à un sortilège. En compagnie de Nikaido sa jeune amie, il se lance à la poursuite du mage venu « de l’autre coté » qui lui a lancé ce sort afin de se venger. Mais les choses ne sont pas aussi simples car En, le chef des mages est bien décidé à en finir avec ce lézard qui massacre ses mages et qui n’est pas sensible à leur magie. Aussi il lance à ses trousses, des tueurs : Shin, Noi, Ebisu et Fujita…
La première impression
Le premier épisode était, de mon point de vue, un début abyssal et efficace à la fois. Je m’explique, il présente un rythme déconcertant, un manque critique d’explication et de mise au point de ce sur quoi l’anime portera et se contente de mettre en scène une effusion abusive de sang. En terme d’introduction à une histoire, ce n’est clairement pas l’optimal tant l’épisode part dans tous les sens. De plus, un autre élément rend le visionnage troublant et difficile : la CGI. Loin de moi l’envie d’être une mauvaise langue quant à ce choix d’animation qui peut donner des pépites visuelles comme le studio ORANGE a su nous le démontrer dans ses animes avec Land of the Lustrous et BEASTARS, plus récemment. Néanmoins, il n’apparaissait pas comme un choix idéal pour ce prologue à l’histoire qui ne fait que nous conforter dans cette pensée. Si le design des personnages et des décors est un succès, leur mouvement saccadé, dans un contexte empli de combats sanglants et massacres couplés à une mise en scène visant à les amplifier, rend la visualisation difficile.
Malgré tout, le début présente un aspect efficace qui charme facilement. Le rythme troublant et le manque d’explication fait porter au spectateur deux choses précises, l’atmosphère générale de l’œuvre et son propos. Dorohedoro se présentera et sera un anime à la violence abusive tournée même en dérision tant elle est abordée de manière naturelle dans le contexte de l’histoire. Dans un monde dans lequel des sorciers viennent continuellement tester leur magie sur les humains, leur altercation est montrée comme une notion spontanée. Dit comme ça, l’on pourrait penser que l’œuvre est emplie de drame, tristesse et tragique. Mais la manière dont le sujet est abordé est léger et les dialogues comme l’agencement des plans prennent un malin plaisir à accentuer cette dissonance.
Avec cet aspect déjanté, nous avons aussi une introduction rapide à l’histoire. Le plan final venant à nous révéler l’un des éléments récurrents de l’œuvre pour son avancée est le plus abouti stylistiquement à mon goût. Tout en étant raccord avec le scénario, il conclut l’épisode avec une situation des plus loufoque, qui ne peut que le mieux présenter l’esprit de l’œuvre.

Il s’agit de Kaiman, le personnage principal qui avale la tête de quelqu’un en vue que la personne à l’intérieur de sa bouche puisse lui poser une question.
Ce résumé désastreux l’est tout autant dans l’épisode. Malgré tout, c’est grâce à ce côté déroutant que ce premier épisode parvient à jouer un rôle d’introduction potable pour une œuvre qui se démarquera encore plus des autres animes de saison bien vite.
L’évolution de l’écriture
Outre sa forte excentricité et son style exacerbé, Dorohedoro réussit à séduire de par son histoire. Elle se mêle avec aise à son atmosphère et malgré cette tournure en dérision du sérieux, le tout réussit à fonctionner et convaincre.
Graduellement, les fragments de l’histoire prennent de plus en plus de l’importance face à ce que l’on pouvait prendre pour un genre de comédie. Finalement, l’on se retrouve avec une histoire emplie de mystères jouant sur son aspect inusuel pour avancer et plaire.
L’une des principales réussites de l’anime de mon point de vue, est la relation entre Kaiman et Nikaido. Leur amitié est mise en évidence d’une des plus belles façons et a réussi à donner du poids à plusieurs actions banalisées dans leur monde pour leur donner une fibre émotionnelle. Il s’agit clairement de cette manière de faire qui a pu me faire accrocher à l’histoire. Cette volonté de montrer un monde banalisant les choses les plus violentes (telles que les morts de personnages, leur lavage de cerveau, le kidnapping) de manière extrêmement grotesque et anarchique pour par la suite, tout en conservant cette identité, réussir à rendre cela touchant est l’élément que je retiens le plus.
Bien entendu, Dorohedoro n’a pas pour intention d’être un drame ou quoi que ce soit d’autre. Pour autant, il réussit bien à jouer sur ce principe. L’univers est développé par des histoires toutes plus extravagantes les unes que les autres de façon naturelle, sans sembler un tant soit peu forcé. Il ne s’agit pas d’une exposition bête et méchante des notions de leur monde mais bien d’une découverte se faisant à un rythme réfléchi qui se fond avec l’histoire.
Chaque nouvel épisode joint de nouvelles informations farfelues avec certaines plus intrinsèques à l’œuvre. Tout cela donne un mélange des plus étonnants mais que l’on ne peut qu’apprécier et redemander…

Mot de fin
Vous avez envie de plonger dans du bizarre plein d’intrigue ? Et voulez aussi une histoire bien écrite comprenant plus de mystères qu’on y croirait au premier abord ? Alors Dorohedoro est une œuvre pour vous. Vous pouvez la découvrir sur Netflix dès à présent. Si Keep your hands off Eizouken est un coup de cœur d’un point de vue animation et originalité, Dorohedoro n’est pas en reste et est l’une des plus grandes surprises de cette première partie de l’année.
