Aucun spoil concernant le LN, une analyse uniquement centrée sur l’anime. Merci de ne pas spoiler non plus dans les commentaires pour ceux qui n’ont pas lu le LN anglais/jap
Avec une durée proche des 30 minutes et sans la présence de l’OP, l’intention de proposer un épisode cardinal pour la série était palpable. Bien que Re:Zero n’ait jamais fait comme les autres, ce format a permis à l’histoire de s’épanouir en prenant son temps, emmagasinant la tension émotionnelle, sans souhait de briser cette continuité et sortir le public du visionnage.
Avant de débuter cet épisode, on ne savait pas vraiment si Subaru aurait conscience du caractère irréel de la scène devant lui. Très vite, on comprend grâce à une absence de réaction et un comportement naturel que Subaru n’a aucune conscience de son aventure de l’autre monde.
Le filtre de couleur et le flou par moment dans cet épisode, sont des effets simples mais qui permettent directement de comprendre que Subaru n’évolue pas dans la réalité mais bien dans une autre dimension s’apparentant davantage au rêve grâce à ce ressenti éthéré et épuré.
Ces quelques scènes d’ouverture permettent de saisir les deux nouveaux personnages. D’un côté, Natsuki Kenichi énergétique, égayant, blagueur et charismatique de l’autre Natsuki Naoko, joviale, douce et décalée, qui excusez-moi mais dans les premières scènes donnaient cette impression d’être shooté et dans un autre monde (mais pas un isekai), parlant de manière lente et avec peu d’intonation. En tout cas, quelles que soit nos premières impressions sur ces personnages, le trio marche à merveille et donne lieu à une séquence comique et décalée. A cet instant, j’enviais secrètement cette relation épanouie. Ces parents sont relativement jeunes et l’ambiance est familiale et conviviale.

Les problèmes de Subaru reviennent rapidement sur le devant lorsque son père aborde avec humour l’école et que Subaru remonte ensuite dans sa chambre. Des douleurs le lancent à intervalles variés tandis qu’il attend que l’heure tourne et qu’il soit trop tard pour aller à l’école. Le soulagement est de mise quand 8 heures est passé.
Plusieurs séquences et discussions s’enchainent et arrivent finalement la scène sur le banc entre Subaru et son père. Les deux discutent et Subaru lance son père sur le sujet délicat.
Après quelques minutes et une nouvelle attaque, il se souvient de Emilia et de toutes ses aventures. Son regard change et se fait plus doux. La fatigue et le mal-être disparaissent de son visage. Il se lance dans un long monologue brassant tout son passé. L’histoire ne se veut pas originale, mais elle arrive à nous marquer grâce à un aspect synthétique réussi et une simplicité proche de nous. Ce flash-back est principalement composé d’images fixes accompagnées de quelques séquences animées pour souligner des éléments marquants/traumatisants. La répétition d’images et des mêmes commentaires donne une sensation de mal-être. Plus les années passent, plus le regard de Subari perd en brillance.
A plusieurs reprises, cet épisode casse l’aspect solennel de la conversation, exemple avec le Father Head, et fait écho au tempérament singulier de Subaru lors de scènes importantes dans la première saison. Briser brutalement le rythme et le ton d’un épisode, et ce à plusieurs épisodes, est un pari risqué mais Re:Zero arrive toujours à rebondir dessus et à nous toucher encore plus sur les scènes qui suivent.
Émotionnellement, cet épisode a deux point culminants, l’un avec son père et l’autre avec sa mère. La phrase « Quand on sera à la retraite, on compte sur toi pour nous entretenir… » fut déchirante et larmoyante. Déchirante car Subaru ne reviendra peut-être plus jamais dans le monde réel et s’il revient dans ce dernier, ce n’est pas sûr que le temps écoulé dans les deux mondes soit le même. Mais plus que cela, au-delà de cet aspect isekai, c’est cette phrase à elle-seule qui fut le déclencheur d’une émotion incontrôlable. Une telle discussion entre un père et son fils est inestimable et montre leur lien affectif. Cette phrase a beaucoup de poids et il faut chérir cette discussion. Peu d’animes s’intéressent aux relations familiales et dressent avec une telle humanité une discussion père/fils. Ce caractère unique n’ayant lieu qu’une fois dans sa vie, dans le meilleur des cas, donne un poids considérable à ce moment.
Tout cela n’atterrit pas dans le vide et permet à l’anime de rebondir dessus en présentant un Subaru désolé et déchiré intérieurement face à un tel amour dont il ne pourra jamais s’acquitter.
Passé cette scène, son père décide de prendre un autre chemin. On comprend qu’ils se quittent là, qu’ils ne se reverront plus et que Subaru tracera maintenant sa propre voie. On se doute que la suite sera en lien avec sa mère.
La transition est étonnamment bien faite, puis sans avertir la discussion prend une tournure inattendue. « Tiens tu es nerveux », « Tu veux manger de la mayonnaise avec moi », quel est le lien ? (Il faut savoir qu’il y a une courte histoire annexe avec la mayonnaise donc cette référence est vraiment cool). Il n’y en a quasiment aucun mais cela permet d’enchainer sans prétention sur l’histoire de Subaru et de la mayonnaise. On re découvre encore une facette de Subaru, celle d’être complaisant avec sa famille. En même temps de voir sa mère toujours à l’ouest, on comprend que c’est elle qui fait preuve le plus de lucidité et clairvoyance.
Je trouvais que le père avait accaparé une trop grande partie de l’épisode aussi bien au réveil qu’après le manger, donc j’espérais que la maman ferait de la résistance ! En tout cas ce début était prometteur, dévoilant un personnage qui cachait son jeu? Et ce fut le cas avec plusieurs minutes en sa merveilleuse compagnie. Avec le second coup porté en plein cœur avec la phrase « On ne t’a pas mis au monde pour obtenir quelque chose mais pour t’offrir quelque chose », l’émotion fut grande.
Il y a une réelle complémentarité entre la séquence du père et celle de la mère. Cette alchimie est plaisante à découvrir. Plusieurs phrases se répondent, d’autres abordent la fin de la vie ou bien le début, son père n’arrive pas à cerner totalement le fils tandis que sa mère avait déjà tout compris. Son père essayait de comprendre les raisons d’un tel comportement tout en respectant et agissant avec bienveillance auprès de Subaru tandis que sa mère s’abstenait d’en faire plus que nécessaire afin de soutenir à sa manière son fils. Je pense qu’il y aurait bien plus à analyser/nuancer ici et à tourner tout cela d’une plus belle façon mais le plus important est dit.
Enfin Naoko lance à Subaru une réflexion dont il devra trouver le sens lui-même « Le plus important, ce n’est pas le début ou le milieu mais la fin ». Interprétation de ma part, j’ai un peu peur que par la suite, Subaru se perde en chemin et connaisse une autre phase de déclin et comprennent mal le sens de ces mots, puis qu’il revienne dans un cycle plus profitable où il comprendra enfin le réel sens de tout cela. A réfléchir, avec sa mort réversible, il serait facile de comprendre dans un sens négatif cette expression.
Et le troisième petit coup fut l’adieu de sa mère, très émouvant.
Subaru est maintenant gonflé à bloc pour affronter les prochaines épreuves qui se dresseront devant lui. Et je pense qu’il en aura besoin. Quelles seront-elles ? Qu’est-il devenu d’Emilia ?
Comme supposé dans la review de l’épisode 03, nous avons eu une introspection comme épreuve. Epreuve classique mais Re:Zero arrive à donner de jolies lettres à des choses anodines grâce à une écriture remarquablement efficace et un casting toujours autant de bonne facture. J’espère que cet épisode aura enfin ouvert un peu les yeux sur la conception réfléchie de chaque personnage notamment Subaru, le mieux écrit de toute l’œuvre. On peut ne pas l’aimer, surtout sur ses phases où il est exécrable, égoïste (…) mais penser, et encore pire, affirmer que c’est un mauvais personnage m’est toujours rester en travers de la gorge. De manière totalement détachée et sérieuse, je le considère comme un des meilleurs personnages d’anime de ses dernières années.
Petit mot de la fin pour évoquer le très joli ED. On pourrait parler d’Emilia mais c’est Beatrice qui attire notre intérêt du fait que le papillon l’évite sur la première séquence. Entre signe d’un rapport compliqué avec Echidna, interprétation de solitude et d’isolement (…), on peut donner divers sens. Dans la seconde séquence, elle tient enfin un papillon et se réjouit d’en avoir enfin un (sourire).
Plus qu’une histoire de fantaisie, on pourrait se demander si le plus important dans Re:Zero n’est pas la délivrance de messages généreux et désintéressés disséminés un peu partout. Dans cette optique, la mort réversible ne serait qu’un moyen pour délivrer divers messages humains et philanthropes au cours de cycles/arcs à chaque fois différent.
En suivant un personnage en proie à des doutes, des moments durs et à l’inverse des périodes plus égayantes, Re:Zero propose une histoire humaine tissée par Subaru et son entourage, avec mesure et douceur puis brutalité parfois. Évoluant au fil des épisodes, ce personnage singulier fait des faux pas mais se relève toujours pour délivrer des séquences uniques notamment émotionnelles comme celle de cette semaine où il provoque en nous énormément d’empathie et de compassion.
Merci d’avoir lu le retour sur ce nouvel épisode. Le propos change un peu de d’habitude mais cette direction n’est pas si mal. Un épisode comme celui-ci, on n’en voit pas tous les jours.
Les prochaines reviews dans la semaine seront Deca-Dence et Oregairu suivi de The God of High School Episode 04, Swordy vient de s’y mettre et compte bien agrémenter cette saison d’une autre série, soit un total de 5 séries en tout (Great Pretender déjà publié Episode 1 à 5, je vous le conseille, l’anime est de très bonne facture).
En prévision d’Automne, certes bien loin, je prends de l’avance : le site recrute des personnes volontaires pour réaliser comme cet article des review hebdomadaires sur un anime de son choix, avec une liberté dans sa rédaction, afin que le site couvre encore plus d’animes que cette toute première saison. Pour le contact, rien de plus simple : notre compte Twitter, mon pseudo discord Moja, petite peluche#0677 ou bien notre boite mail (fuwafuwanosora@gmail.com).
Sur ce à la prochaine !
L’anime est disponible sur la plateforme de simulcast Crunchyroll
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Une review à la hauteur de l’épisode !