Premiers épisodes de la série principale de Pokémon à (enfin) sortir sur console de salon, Pokémon Epée et Bouclier étaient attendus depuis longtemps par la communauté. Pour un jeu défini comme étant le plus ambitieux de la saga, nombres d’attentes entouraient cette sortie.
Une quête épurée prenante… mais maladroite à la fin
La série Pokémon met en avant des personnages vivant une aventure dans diverses régions fictives où l’objectif est d’attraper des monstres et de terminer comme le meilleur dresseur. Rien de bien nouveau ici, notre protagoniste quitte son village natal au côté de son ami et rival, ici Nabil, et accompagné de son premier Pokémon afin de collecter les 8 badges et de devenir le meilleur dresseur de Galar (région inspirée cette fois-ci par le Royaume-Uni).

La structure de l’aventure est en majeure partie la même qu’à l’accoutumé. L’histoire est davantage recentrée sur la collecte de badges, exceptée vers la fin, proposant ainsi une histoire très dirigiste et un peu trop rapide. Les quêtes annexes sont presque inexistantes, les discussions avec les PNJ toujours aussi vides.
Ce Pokémon ne déroge pas à la règle et manque cruellement d’à côté. Les routes ralliant les diverses villes sont bien trop courtes, plus aucun environnement ne semble hostile ou labyrinthique. L’absence d’une route victoire fait cruellement défaut. Le jeu, en outre, donne cette fâcheuse impression que toute l’aventure se déroule en seulement quelques jours, dérangeant quelque peu le joueur peu convaincu par le rythme du récit mal maîtrisé.

Oubliés les traques de malfrats qui durent plusieurs heures, le règlement de problèmes locaux annexes à l’histoire principale (…), le récit se veut beaucoup plus simple, épuré et cohérent, enfin tout du moins jusqu’à la fin. L’aventure est destinée avant tout à un public jeune.
L’exemple le plus marquant est la nouvelle « Team Rocket » de Epée et Bouclier, la Team Yell, reléguée au simple rôle de figurant pas méchant ayant trop peu d’influence sur le scénario. Effectivement, le héros enquête de manière légère au fil de l’aventure sur le phénomène Dynamax propre à Galar et sur le passif de la région. Mais il reste avant tout un « enfant » et le joueur ressent la volonté des adultes d’écarter les jeunes protagonistes des problèmes sous-jacents à la région, proposant de fait une aventure pour le moins plutôt rationnelle et réelle. Et ce jusqu’à un certain point où tout part en cacahuètes… Plus aucune cohérence, des personnages incompréhensibles, un manque d’originalité, des séquences inintéressantes, ennuyantes et rushées. Certes, seules les 3-4 dernières heures (Post Game compris) souffrent de ce problème, mais elles tâchent l’image de toute cette aventure, déçoivent profondément le joueur et laissent un arrière-goût amer.
Heureusement, on pourra compter sur un certain dépaysement dans la fin de l’aventure fort plaisant (communément appelée la Ligue Pokémon dans les anciennes versions) se rapprochant davantage de la série animée.
Un Post-Game principal trop maigre
Le Post-Game est court, il faudra compter deux petites heures pour avoir la véritable fin. L’existence de la Tour de combat donnera un peu du grain à moudre. Une aventure bien trop courte et un Post-Game principal décevants seront pour autant atténués par la recherche du Pokédex complet, le PvP, la chasse aux Pokémon Shiny et les antres de Pokémon pour collectionner toutes les formes Gigamax.

Une licence toujours plus accessible
Un grand reproche qui revient à chaque génération… La difficulté ! Impossible à nier, le jeu est encore plus facile que ses prédécesseurs. Le multi xp est maintenant obligatoire. Trop de soins facultatifs ou obligatoires sont disséminés au cours de l’aventure. Plus aucune grotte, forêt, océan ne semblent hostiles, labyrinthiques ou infinies. Les rencontres aléatoires à la chaine (grottes, point d’eau) qui jouaient souvent sur nos nerfs sont oubliées, rendant désuets les repousses. La route victoire, véritable défi apprécié dans les premiers épisodes, est totalement absente. On nous tient beaucoup trop par la main et c’est fort regrettable. Qui plus est, excepté au grand maximum lors de 2 ou 3 combats (toi le gérant du café), le joueur ne sera pas vraiment mis en difficulté. Oui. Même la fin du jeu est une promenade de santé.
Le jeu opte pour l’accessibilité et la facilité. Une meilleure ergonomie de jeu et de nouvelles possibilités sont introduites (exemple gestion du PC directement, déplacement sur la carte presque dès le début de l’aventure, corde sortie infinie) même si non exempte de reproches tel qu’un accès trop compliqué à la carte ou la non utilisation de certains boutons de la console/manette.

Pour autant, le jeu n’est pas dénué de difficulté. Le joueur peut lui-même créer le challenge en s’aventurant quasiment dès le début dans les terres sauvages et se mettre en difficulté face à des ennemis plus puissants. Les captures de Pokémon ne sont pas si simples.
Celles de Pokémon présents dans les antres le sont d’autant moins car le Pokémon disparaît après. De plus, la Tour de combat représente aussi un challenge récurrent post game intéressant.
N’oublions pas de mentionner le PvP, mode de jeu représentant la forme de challenge ultime pour tout vrai dresseur de Pokémon. Si les joueurs sont frustrés par ce manque de difficulté, le PvP saura satisfaire leur soif de défi. Et cet épisode facilite d’ailleurs encore plus le Player versus Player par divers moyens notamment grâce à des arômes changeant les natures de Pokémon.
« Attrapez les - presque - tous »
Pokémon Epée et Bouclier comprend en tout 400 Pokémon. Sur les 890 Pokémon, ce nouvel opus, ampute la série de plus de la moitié du casting. Bien entendu certains crient au scandale. En vérité, seuls les joueurs pratiquant le PvP à haut niveau, c’est-à-dire une très faible minorité, sont insatisfaits car ils n’ont pas la possibilité de jouer avec leurs Pokémons préférés.

A l’inverse pour la grande partie de la communauté, ce choix ne dérangera en aucune manière. Il faudra tout de même au joueur plusieurs heures pour collectionner les 400 Pokémon. 81 nouveaux Pokémon apparaissent dans cette nouvelle génération avec en plus 13 nouvelles formes régionales. Le design des nouveaux Pokémon pour cette huitième génération est en majeure partie réussi. Ils sont moins complexes que dans d’autres opus, plus parlants et colorés à l’image de la direction artistique. Le joueur aura ainsi largement de quoi passer un bon moment et tester de nouveaux Pokémon.
Mais pour essayer ces Pokémon, il convient avant tout de les attraper. Principale nouveauté inspirée de Pokémon Let’s Go, une partie des Pokémon est maintenant visible en dehors des herbes sauvages. L’autre moitié reste toujours aléatoire et dissimulée dans les buissons, arbres ou points d’eau. Le seul signe distinctif sera l’apparition d’un point d’exclamation au-dessus des herbes. En conservant la base des anciens opus et en y ajoutant la particularité de Pokémon Let’s Go, le système de capture de cet épisode trouve un équilibre à mon sens parfait qui doit être repris dans les prochains épisodes. D’un côté, les Pokémon visibles donnent vie aux environnements. De l’autre, le mystère, la surprise et le plaisir de la chasse sont préservés.
Les Terres sauvages : capturez, explorez, et campez !

A tout moment, le joueur peut se balader dans les terres sauvages avec une caméra libre. Les Terres sauvages sont constituées d’une multitude de micro climats. La météo change et diversifie l’exploration chaque jour : des Pokémons absents la veille seront présents le lendemain et inversement.
Le joueur aura de quoi s’amuser durant les premières heures grâce à la recherche et capture de Pokémon, la récolte des baies, les combats contre des Pokémons dans les antres, l’exploration de la région pour y trouver divers objets et personnes, les courses de vélo (…) mais aussi le camping avec nos Pokémons. Globalement ces terres sauvages sont une véritable plus-value dans le jeu. Toutefois, on pourra reprocher un manque d’événements et de choses à faire dedans passé un certain moment.
Nouvel ajout également : le camping. C’est un mélange entre une version plus aboutie de la Poké récré des précédents opus et le mixage des baies de Pokémon Rubis et Saphir. Il sert principalement à augmenter l’affection avec nos Pokémon. Il permet aussi de bénéficier d’un bonus d’expérience ou bien de les soigner en leur faisant manger du curry préparé par nos soins.

Initialement un peu distant vis-à-vis du camping, je concède que j’ai beaucoup apprécié les quelques minutes passées dedans. C’est un moment complémentaire où le joueur s’attache davantage à ses Pokémons qui bougent, jouent et mangent avec lui, dit autrement : le « Kawai Time ».
En activant la fonction en ligne, d’autres joueurs réels apparaîtront sur les terres sauvages. Le jeu tente de s’ouvrir toujours plus au Multi. Idée intéressante pour animer ces étendues, le problème est qu’en ligne, le jeu rame et qu’en plus, excepté tenir une ligne de dialogue et obtenir un objet, cette interaction dans les terres n’offrira rien de bien intéressant.

Nouvel opus, nouvelle fonctionnalité : le Dynamax et Gigamax
Si les combats contre les champions d’arènes ont toujours été exaltants dans la série, cet opus franchit un cap avec cette nouvelle fonctionnalité et grâce à des matchs d’arènes plus ambiancés, mieux animés et mis en scène. Chaque match d’arène est un véritable plaisir.
Initialement sceptique sur cette feature qui remplace la méga-évolution, le jeu m’aura finalement convaincu. Ce nouvel ajout permet aux Pokémon de devenir gigantesques. Leurs statistiques sont revues à la hausse et leurs attaques changent et deviennent plus puissantes. Cette possibilité de Dynamaxer ses Pokémon pendant trois tours ne vaut en général que dans les stades et dans les failles Pokémon. Certains pourront également utiliser le Gigamax, une forme plus poussée modifiant leur apparence et leurs capacités.

Il est possible de rencontrer des Pokémon Dynamaxés dans des antres éparpillées sur les terres sauvages. Pour le battre, il est conseillé de l’affronter à plusieurs. Le groupe bénéficie d’un certain nombre de vies et de tours. Les Pokémon les plus puissants bénéficieront d’un système de bouclier qui rendra la tâche plus ardue.
A la fin du combat, il est possible d’attraper le Pokémon. Sur une vingtaine de combats réalisés, le Pokémon s’est enfuit de sa Pokéball 3 fois alors même que la meilleure balle était utilisée. Ces raids Dynamaxes peuvent représenter un certain défi et sont particulièrement rageant lorsque la capture est ratée. Il est ainsi conseillé de faire des raids avec des vrais joueurs et non de simples PNJ.
Graphismes et bande-son
La bande son est probablement l’une des plus diversifiée, plutôt bonne mais à titre personnel elle ne m’a pas autant plu, excepté quelques pistes, comparé à d’autres épisodes Pokémon.
La direction artistique est jolie et colorée. Toutefois techniquement, le jeu est davantage critiquable même si ce Pokémon fait un bond en avant non négligeable comparé aux précédentes générations. Certes, rien de bien dommageable à l’expérience de jeu et ce n’est pas aussi catastrophique que ce que l’on pouvait imaginer, mais le jeu est décevant. Pas mal de clipping avec les Pokémon qui apparaissent et un peu d’aliasing en mode docké sur les terres sauvages. De plus une fois connecté à internet, les terres sauvages rament et incitent le joueur à opter pour le mode hors ligne.

Autres précisions
La personnalisation toujours plus poussée mais « pas trop non plus ». C’est évident que les développeurs se réservent pour les prochains opus (comme à chaque fois). En matière vestimentaire, on n’a pas trop à se plaindre. En revanche, pour le reste c’est à peaufiner. Le jeu manque de coupes de cheveux, de nuances de teintes de peau encore plus diversifiées, de modification de la taille et du poids, de lancer de Balls différents tels qu’introduits dans Sun et Moon etc. Certes il y a du progrès, mais vis-à-vis de certains RPG, le jeu fait pâle figure en matière de création et de customisation d’avatar.
Il serait peut-être temps de revoir la manière d’échanger les Pokémon en ligne. Il est parfois trop compliqué de trouver un Pokémon précis et les joueurs bien souvent ne s’entendent pas sur la même chose.
Le manque de différences entre les deux versions. En mettant de côté les Pokémon exclusifs et la capture du Pokémon légendaires, les seules différences sont deux des huit champions d’arènes. On ne parle pas des arènes, mais simplement des dresseurs et des champions, puisque les arènes sont les mêmes simplement relookées avec des couleurs et thèmes différents.
Un Poké service anecdotique et plutôt inutile.
Malgré les deux personnages énervants, le reste du casting est très positif. Les champions d’arènes font même l’objet d’un suivi discret au fil de l’aventure et leurs cartes de ligues permettent d’en apprendre plus sur eux. On ne serait pas contre un lore encore plus étoffer dans les prochains épisodes.
Conclusion : Quand la lame fissure la carapace désuète
PLUS
+ Un début de jeu très réussi et une aventure épurée et prenante…
+ L’originalité de la dernière partie …
+ Un casting globalement réussi…
+ Une aventure toujours plus accessible…
+ Jolie direction artistique…
+ Les terres sauvages…
+ Le Dynamax et les combats d’arènes
+ Le système d’apparition mixte des Pokémon
+ Les designs des nouveaux Pokémon
+ Le Poké camping
MOINS
– Mais trop courte, sans à côté et avec une fin ratée
– Post Game décevant
– Avec encore deux personnages barbants
– Trop facile
– Clipping, aliasing et online ralentissant le jeu
– Manquent d’activités et d’événements
– Pas assez de différences entre les deux versions
