Test – Soul Hackers 2

Réunissant anciens amateurs de la veille et nouveaux venus curieux après avoir découverts Persona 5 ou bien Shin Megami Tensei V, la venue de Soul Hackers 2 composait avec des exigences diverses pour un jeu inattendu dont on pensait ne plus revoir la couleur de son âme.

En effet, initialement sorti sur Saturn en 1995, Devil Summoner est le tout premier épisode de cette déclinaison des Megami Tensei. C’est le deuxième opus en 1997, qui prendra le fameux nom de Soul Hackers, dont Soul Hackers 2 est la suite directe.

Sans aspirer au même objet que la série des Persona, l’intention était pourtant limpide : réinjecter une âme dans une licence oubliée et relancer la machine du spin off Soul Hackers.

La fatalité, c'est l'excuse des âmes sans volonté.

Soul Hackers 2 se déroule dans une ville du futur proche où les humains et les démons coexistent en secret, certains humains pouvant invoquer des démons. Ces invocateurs sont divisés en deux branches Yatagarasu et la Société Fantôme dont les idéologies sur l’avancée de l’humanité s’opposent.

Une intelligence artificielle neutre, éternelle et ultra intelligente nommée Aion prédit que le débouché de ce conflit sera la fin du monde. Face à ce péril, Aion matérialise alors deux parties d’elle-même, Ringo et Figue, et s’immisce dans le conflit humain.

Leur objectif consiste à sauver des humains qui vont mourir, dont leur survie est la clé pour stopper cette inéluctable avancée. Figue et Ringo vont alors contrecarrer les plans de la mort en sauvant Arrow, agent de Yatagarasu, Milady, membre de la faction opposée la Société Fantôme et Saizo, invocateur indépendant grâce au procédé du Soul Hack, une capacité restaurant leur âme dans leur corps.

Si le scénario initial peut nous sembler tirer par les cheveux avec un certain nombre de concepts que le joueur doit accepter, celui-ci arrive à s’imposer avec équilibre, grâce à sa dimension enquête, son lore profond et le développement progressif de son casting. Néanmoins le scénario n’écopera pas d’un grand nombre de singularités apportant un dénouement inespéré à une situation souvent sans issue ou tragique aussi bien au début, au cours du jeu ou bien à la fin (ressorts scénaristiques du Soul Hack). De plus, l’histoire reste relativement manichéenne avec une trame classique, un manque de sens à certains moments, tandis que la taille du script n’est au final pas si longue que cela, avec heureusement deux ou trois rebondissements bienvenus.

Soul Hackers 2 possède plusieurs fins dont la True End reste la plus satisfaisante et clôture correctement et avec satisfaction l’histoire. Le joueur sera pour autant obligé de partir sur un new game + s’il veut connaitre les moindres recoins de l’histoire et anecdotes de son casting.

Car effectivement, bien que maigre, le casting dans l’ensemble est appréciable. Même si les personnages n’offrent pas une profondeur de lecture et un attachement aussi développés qu’un Persona 5, cette aventure reste plaisante à suivre. Ringo est sans aucun doute le personnage central qui permet de rehausser le chacun, grâce à sa répartie, son impudence et ses réactions amusantes.

La joie de l'âme est dans l'action et la personnalisation.

La prise en compte du scénario reste importante, mais ne doit pas faire oublier que le joueur passera la majeure partie de son temps à combattre dans Soul Hackers 2. Dès lors, les mécaniques de gameplay nécessitent d’être mesurées, les sensations procurées directes et sans baisse de régime.

Sans détour, le gameplay fonctionne très bien mais fait fi de toute originalité. RPG au tour par tour très simplifié, notre équipe agie en premier et vient ensuite le tour de chaque ennemi. Le jeu repose sur un système de faiblesse et affinité, le but étant de viser à chaque fois les faiblesses élémentaires de l’ennemi pour infliger plus de combos et de dégâts, tout en privilégiant une équipe résistante aux attaques élémentaires ou physiques de l’ennemi, en utilisant avec parcimonie les compétences de soin et de buff/débuff.

Soul Hackers 2 Compétences leader

A cela s’ajoute la présence des « compétences du leader », utilisable 1 fois par tour, permettant d’intervertir des monstres en réserve, d’infliger plus de dégâts ou bien d’augmenter sa défense. L’intérêt ainsi est d’équiper les bons démons selon la situation et de les changer rapidement pour adopter les bonnes stratégies.

Cette attention permanente fonctionne dès lors bien car elle évite au joueur d’appuyer sans réfléchir sur des boutons ou d’être léthargique. Encore faut-il jouer dans une difficulté assez élevée. En effet on recommandera de jouer au minimum en difficulté « difficile » voire même « très difficile » ajoutée par la mise à jour, offrant un challenge constant et intéressant notamment sur les combats de boss aux tactiques bien pensées.

On reprochera tout de même un mode assistance mal pensé et peu utile, l’absence d’un véritable mode rapide en combat (différent d’« automatique »), qui auraient pu réduire le temps passé sur certains combats.

S’agissant de la personnalisation du casting, on relèvera principalement l’équipement des Arcanyx pour donner des effets variés, les améliorations des compétences passives de chaque personnage et des effets spéciaux de leurs armes. Pour ce faire, il conviendra de trouver des composants spécifiques en battant les monstres ou dans les donjons, et d’ensuite les échanger pour bénéficier de cette amélioration.

Le jeu est plutôt bien pensé pour ne pas exiger trop de farm, à condition que le joueur affronte régulièrement des démons. Seule la recherche de certains composants pourra s’avérer laborieuse pour trouver directement les monstres en question ou bien les composants dans le donjon.

A tout égard, c’est véritablement la personnalisation et création des démons qui captivera le plus le joueur. Soul Hackers 2 impose au joueur de recruter sans cesse des démons présents dans les donjons ou bien d’en invoquer de nouveaux par fusion, afin de posséder une équipe toujours plus puissante. Leurs statistiques augmenteront et leurs compétences seront de plus en plus intéresantes. Ce turn over constant pourrait surprendre les nouveaux venus tandis que les accoutumés retrouveront leurs repères, face à ce système propre à la famille des jeux Megami Tensei.

Le corps n'est que le reflet de l'âme.

En plus d’être un jeu de rôle au tour par tour, Soul Hackers 2 est un donjon crawler, genre vidéoludique mettant en avant l’exploration de donjons. Le joueur alterne ainsi entre phase dans des donjons réels (égouts, port, tours abandonnées etc.) et les matrices de l’âme dans l’Axis, base d’opération de l’Aion. Ces vastes labyrinthes sont des reconstitutions symboliques de l’esprit de Ringo et de son lien mental avec les trois autres invocateurs.

Malgré la prédominance des donjons, aucun effort à l’exception du dernier donjon, n’a été réalisé pour diversifier cette exploration et lui donner du caractère.

L’axis est affreusement redondant. Le level design des donjons se réduit à un ou deux mécanismes. Les environnements sont similaires et manquent de signature. Concrètement, le joueur n’a aucun plaisir à explorer les divers environnements. Une comparaison peut être réalisée avec Persona 5 ou bien Blue Reflection 2 où de la même manière chaque donjon représente l’état de l’âme d’un personnage, pour autant avec une identité propre et de jolis environnements.

Et pourtant, Soul Hackers 2 tente le pari de nous proposer un jeu original, haut en couleur et sombre. Graphiquement, nous retrouvons une esthétique très plaisante grâce à un cell shading du plus bel effet. Mais son esthétisme ne fait pas oublier la réalité et un certain nombre de détails bloquants.

Les quêtes annexes plutôt inintéressantes, nous obligent à faire des allers-retours dans les donjons en cherchant parfois de manière aveugle l’emplacement précis de la cible… La gestion de la téléportation oblige à revenir dans un menu pour utiliser un sort à 1 PC alors qu’un simple bouton pour quitter le donjon aurait été plus appréciable.

Une pléthore de repas sont proposés mais les effets sont souvent identiques, nous questionnant sur l’utilité même de certains repas. Un onglet de personnalisation tenue est proposé mais sans payer les DLC, aucune autre tenue ne peut être mise…

Conclusion :
Chaque âme est et devient ce qu'elle contemple.

PLUS

+ Une intrigue relativement prenante

+ Un casting appréciable porté par Ringo

+ Des affrontements traditionnels réussis au tour par tour

+ Les combats de boss trépidants

+ Une esthétique attirante

+ Le plaisir de fusionner et capturer des démons toujours plus puissants

+ Un JRPG traduit en français

MOINS

– … mais grevé de ressorts scénaristiques, de manichéisme et pouvant manquer de sens.

– Structure du jeu trop redondante et lassante

– Un manque d’originalité flagrant

– Une exploration des donjons labyrinthiques sans saveur et répétitives

– L’ensemble des quêtes annexes

Note :
7/10
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Soul Hackers 2 est une production pensée pour s’engouffrer dans la vague Persona 5 et Shin Megami Tensei V. A sa tête, le duo de Mitsuru Hirata et Eiji Ishida, ayant notamment travaillés sur Tokyo Mirage Session, promettait un joli titre.

Néanmoins, Soul Hackers 2 n’arrive finalement pas à imposer sa signature. Il s’inspire et pioche dans les diverses expériences d’Atlus en changeant l’habillage, sans arriver à performer dans un seul aspect ou bien à émouvoir par des nouveautés. La comparaison malheureuse est dès lors inévitable. De surcroit, sa structure construite autour de l’Axis et la réalité, reste bien trop répétitive. Le scénario quant à lui est mi-ringo mi-figue, agréable à suivre mais loin d’offrir une profondeur suffisante avec assez de surprises.

Heureusement, le gameplay ne souffre d’aucun écueil : traditionnel mais au combien gratifiant. Nul doute que l’amateur de JRPG et donjon crawler arrivera à passer au-delà de tous ces considérations, pour en apprécier ses qualités certaines et son gameplay très plaisant.

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